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LES SECRETS DE L’ANNULAIRE

L’hiver dernier, des psychologues de l’Université McGill ont publié une étude surprenante : l’affabilité des hommes serait liée à la forme de leurs mains. Plus précisément, à la longueur de leur annulaire droit, comparée à celle de leur index droit.

L’étude montréalaise, publiée dans la revue Personnality and Individual Differences, s’ajoute au nombre grandissant d’analyses similaires publiées depuis une quinzaine d’années, et basées sur le fait que la taille de l’annulaire est influencée par l’exposition à la testostérone, l’hormone sexuelle mâle, quand le bébé est dans le ventre de sa mère. Plus il y a de testostérone, plus l’annulaire sera long. Or une abondance de testostérone est aussi liée à d’autres caractéristiques, tant psychologiques que physiques.

« Il est assez fascinant de voir que des événements qui surviennent à l’âge adulte puissent être influencés par des choses qui se passent avant la naissance, explique Simon Young, l’un des auteurs de l’étude de McGill. Et pourtant, il y a bel et bien un lien. »

QUESTIONNAIRE

Les chercheurs montréalais ont distribué à 155 participants des questionnaires sur leurs interactions sociales. Pendant 20 jours, chaque fois qu’ils avaient une interaction de plus de cinq minutes, ils devaient remplir un questionnaire. En moyenne, chacun a rempli six questionnaires par jour. La moitié des cobayes étaient des femmes, parce que le rapport entre leur annulaire et leur index est aussi influencé par les hormones sexuelles féminines.

« L’originalité de notre approche est l’utilisation d’un questionnaire très proche de la vie réelle. Il a été mis au point par une collègue, Debbie Moskowitz, pour évaluer deux axes des relations sociales : affabilité-agressivité et domination-soumission. »

— Simon Young coauteur de l’étude de McGill

« La plupart des études psychologiques sur le rapport entre index et annulaire font appel à des questionnaires qui, souvent, sont très éloignés de la vie réelle. Rares sont les gens qui se demandent s’ils sont plus ou moins portés sur l’adultère, par exemple. »

Les hommes ayant un annulaire plus long – donc ayant été exposés à plus de testostérone dans le ventre de leur mère – se montraient plus affables envers les femmes. Il y avait aussi un effet, moins grand, pour ce qui est de l’affabilité envers les autres hommes. Chez les femmes, le rapport entre annulaire et index n’avait pas de lien sur l’affabilité ou l’agressivité.

La différence entre les sexes, sur le plan du rapport entre annulaire et index, est citée dans la littérature scientifique depuis le XIXe siècle. Mais il a fallu attendre les années 80 pour que des psychologues tentent de vérifier si un annulaire plus long avait un impact sur le comportement.

Un psychologue britannique, John Manning, de l’Université du Lancashire central, a étendu ces travaux à d’autres sphères de la santé, notamment le risque de cardiopathie (la testostérone a un effet protecteur) et les capacités sportives. Son intérêt pour le « rapport 2D : 4D » a poussé certains chercheurs à appeler cette mesure « rapport de Manning ». Le rapport est calculé avec les doigts de la main droite, l’index est le doigt 2D et l’annulaire, le doigt 4D.

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